Un mât totémique connu sous le nom de Trou dans le Ciel
"Les mâts totémiques jouaient avec les masques et autres objets
cérémoniels le rôle d'aide-mémoire pour tout le village. Ils relataient
l'histoire de la famille et de la tribu, rappelaient les affiliations
claniques et faisaient référence aux mythes et aux légendes.
Celui-ci est connu sous le nom de Trou dans le Ciel.
Il servait d'entrée de cérémonie pour la maison de Haidzemerhs dans le
village tsmishi de Kitwancool. Armoiries et ancêtres se mêlent à des
évènements mythiques et semi-historiques. Haidzemerhs était membre du
clan du Riz Sauvage dans la division des Loups: tout en haut on voit le
Loup Migrateur."
Source: Colin F. TAYLOR. Traditions indiennes. La vie quotidienne des Indiens d'Amérique. Editions Nathan.
(Billet de notre membre Paul-Emile Victor extrait du 1er blog d'Amitiés Totem)
La conservation de mâts totémiques
Voici un évènement lié directement au sujet: Le Symposium 2007
"Le Symposium 2007 offrira une occasion aux Autochtones et aux
spécialistes en conservation de tirer des enseignements de l'expérience
des autres — dans un climat de respect mutuel — sur les aspects
traditionnels, techniques, déontologiques ou immatériels de la
préservation des objets culturels autochtones. Organisé par l’Institut
canadien de conservation (ICC), ce congrès bénéficie de l'apport d’un comité consultatif formé de membres des Premières nations et des communautés inuites et métisses de partout au Canada."
(extrait du site du patrimoine canadien présentant le Symposium 2007)
par: Charles Heit* Artiste Kispiox et Andrew Todd* Restaurateur
Les mâts totémiques sont des objets qui témoignent de la culture
traditionnelle des peuples des Premières nations de la côte Nord-Ouest
de l’Amérique du Nord. Ce sont des formes sculpturales uniques au monde
reconnues à titre d’œuvres d’art partout dans le monde. On souligne de
plus en plus l’importance du rôle culturel de ces mâts en raison de
leurs antécédents et de leur valeur sur le plan historique. Ils
témoignent encore aujourd’hui de l’histoire de leur peuple. En raison
de leur rôle si important, il est primordial d’assurer leur
préservation. Il existe des opinions divergentes au sujet de leur
préservation, dont une théorie selon laquelle on devrait laisser un mât
totémique se détériorer naturellement, tomber au sol en raison de
grands vents ou laisser l’érosion ou la pourriture faire son œuvre
jusqu’à ce que le mât totémique tombe au sol. Une fois couché sur le
sol, la détérioration s’accélère et le mât totémique retourne ainsi à
la terre. Dans le cadre d’approches plus récentes, on a reconnu la
nécessité d’instaurer un programme de traitement pour assurer la
préservation de ces œuvres d’art qui racontent l’histoire des peuples
des Premières nations. Nous aimerions maintenant traiter de positions
au sujet de la préservation et présenter des exemples dans les deux cas.
En 1969, un nouveau projet a été amorcé sur le territoire de la
nation Gitxsan, la réplique d’un ancien village gitxsan, le village
indien K'san. Les chefs gitxsan ont rapidement fait du village K'san
une institution puissante pour faire revivre la culture et la tradition
de leur peuple. Une école d’arts a été ouverte et elle ne fournit plus
à la demande. Parmi les premiers à s’y inscrire, mentionnons les jeunes
chefs gitxsan Walter Harris (Chef Geel, représentant du chef de
Kispiox) et son cousin Earl Muldon (Chef Delgamuukw lors du procès
Delgamuukw contre la Reine). Aujourd’hui, ils sont tous deux des
artistes connus pour leur création d’objets d’art pour la royauté
européenne et gitxsan, et également des chefs bien connus en raison de
leurs activités dans le cadre des revendications territoriales au
Canada. Ils sont tous deux d’excellents exemples vivants de réussite
sur le plan de la préservation et dans le renouveau de la culture
autochtone. Ce sont des chefs célèbres et de grands artistes.
Dans la conservation des mâts totémiques, le restaurateur doit tenir
compte des questions de déontologie et des préoccupations sur le plan
culturel. L’appartenance et le respect du groupe représenté par le mât
totémique sont des questions importantes. Lorsque trois mâts totémiques
du village K’san ont été donnés au Vancouver Museum, l’une des
premières étapes dans le cadre d’un programme de conservation a été
d’entrer en communication avec les artistes originaux afin de demander
la permission d’entreprendre un traitement. Les artistes originaux,
Earl Muldon, Walter Harris et leurs assistants, ont convenu que l’un
des assistants, c’est-à-dire l’artiste gitxsan Charles Heit, neveu de
Walter Harris et cousin d’Earl Muldon, soit nommé pour représenter les
artistes. Pendant les 10 dernières années, Charles Heit a travaillé au
programme de traitement en vue de préserver ces trois mâts totémiques.
Le restaurateur Andrew Todd a également fourni une orientation suivant
son champs de spécialisation, dans le cadre du programme au cours de la
même période. Cette communication conjointe présente un rapport sur le
traitement de restauration de ces trois mâts totémiques.
BIOGRAPHIES
Chuck Heit a étudié aux côtés de son oncle, le chef
Walter Harris (GEEL) à titre d’apprenti pendant une période de 4 ans.
Il a fréquenté l’École Gitanmaax d’art indien de la côte du Nord-Ouest
et continué son stage d’apprentissage en même temps. Lorsqu’il a obtenu
son diplôme de cette école d’art, il a été embauché à titre
d’instructeur. Il a travaillé avec son oncle dans le cadre de plusieurs
projets d’envergure, notamment un mât totémique d’une hauteur de 40
pieds pour l’Université de la C.-B. à Vancouver. Il a travaillé avec
Ken Mowatt de Kansas City, Missouri, à la création d’un grand mât
totémique et a fait des démonstrations de sculpture gravée dans le
cadre du World Artists Symposium à Toronto. À
Kispiox, Chuck a participé aux revendications territoriales (Procès
Delgamuukw contre la Reine) et il est expert en informatique dans le
domaine du matériel de cartographie et des systèmes d’information
géographique (SIG). Il a également déjà enseigné dans le cadre d’un
cours en ligne donné à ce sujet. Il a été invité à participer à
l’exposition Topographies organisée par la Vancouver
Art Gallery. Il a créé un siège de chef pour cette exposition. (Ce
siège et un autre sont maintenant exposés au village K'san). Durant un
été, il a travaillé avec son cousin Earl Muldon dans un village
gitanyow situé à proximité. Il a également complété une murale pour la
nouvelle école de Kispiox.
Andrew Todd est restaurateur principal à l’emploi
d’une entreprise privée de conservation d’œuvres d’art établie à
Vancouver (C.-B.), Canada. Il est spécialiste dans la restauration
d’objets d’art, d’artéfacts de musée, de sculptures et de monuments
exposés à l’extérieur. Il travaille dans le secteur privé depuis
25 ans. Au cours des 15 dernières années, il a complété des programmes
de traitement de mâts totémiques dans plusieurs collectivités en
Alaska, dans l’État de Washington et en Colombie-Britannique. Au nombre
de ses projets actuels, mentionnons des services de conservation pour
l’État de la Californie, l’aéroport international de Vancouver,
Vancouver Museum et le Burnaby Museum. L’Institut de conservation Getty
a publié son article sur le traitement des mâts totémiques selon
l’éthique dans le livre intitulé Painted Wood, History and Conservation.
Avant de se retrouver à l’emploi d’une entreprise du secteur privé, il
a travaillé pendant sept ans dans deux grands centres de conservation
au Canada : la Division de la conservation à Parcs Canada et l’Institut
canadien de conservation, à Ottawa."
(extrait du site du patrimoine canadien à cette page)
Je vous conseille d'aller lire la suite des articles du Symposium ou de télécharger tous les résumés des présentations ainsi que les biographies des auteurs, en format PDF
-
par Sherry Farrell Racette*
Professeure, Département d’histoire de l’art, Université Concordia
-
par Stephen J. Augustine*
Chef héréditaire du Grand conseil des Mi’kmaq / Conservateur d’ethnologie, Maritimes Est / Division des services d’ethnologie Musée canadien des civilisations Gatineau Québec.
Vous trouverez encore pleins d'autres articles du Symposium dans son Programme